Maxime CHAIX Tracteur ancien Ferme maraîchage

6# La ferme Larock : ferme et biodynamie…

Ferme de Vévy-Wéron
Belgique Namur
Tour de France vivre autrement
Ferme en multi-activité
Neupré, près de Liège
Crée en 1986
1 famille et 2 personnes
Activité : production céréalière, maraîchage, élevage (bœufs, chèvres, porcs), formation en biodynamie, jardin d’enfant Steiner
Valeurs : biodynamie, éducation
Période de présence : 1 semaine début juillet 2021
Distance à vélo depuis le précédent lieu : 61 km
Type d’accueil : plusieurs wwoofeur.ses et stagiaires

A travers la Belgique

Sur mon trajet vers la ferme Larock, entre Namur et Liège, j’ai eu la chance de partager quelques km avec Constance, une jeune femme qui elle aussi sillonnait l’Europe à vélo. Toulousaine, elle était partie de Paris il y a plusieurs jours et se rendait… en Pologne ! Dans la ville de Leszno se tenait dans quelques semaines un championnat international de montgolfière ! Elle s’y rendait pour faire partie de la nombreuse main d’œuvre au sol que cette discipline nécessite. Ce voyage avait été validé comme projet dans le cadre de ses études. Aux dernières nouvelles, elle a fait un détour par le Danemark et la Suède au retour ! Voyager à vélo a quelque chose d’addictif… Bien que j’apprécie mes moments de solitude à vélo, il était agréable de pouvoir faire l’expérience de pédaler à plusieurs. Un peu plus loin, nous avons partagé un goûter ensemble au bord de la Meuse où nous avons pu échanger sur nos projets respectifs. Après nous être perdu entre les cheminées d’une centrale nucléaire et les chantiers qui bordaient les quais, nos routes se sont séparées non loin de Liège. Droit devant nous, un ciel noir planait au-dessus de la ville. Je me suis réjoui de voir que mon itinéraire m’amenait à bifurquer vers le Sud ce qui n’était pas le cas de ma partenaire… Cette réjouissance a été de courte durée puisqu’une autre montée infernale m’attendait avant d’arriver à mon 6ème lieu.

Les parties communes

Lorsque j’ai demandé à Louis Larock au cours de l’interview en quelle année il était arrivé sur le lieu, je me suis trouvé un peu bête lorsqu’il m’a répondu : « Je suis né ici ». La ferme Larock est en effet une ferme familiale et ce n’est pas près de s’arrêter puisque le fils de Louis a repris les activités d’élevage et de transformation alimentaire. C’est au cœur du village de Neupré, à quelques kilomètres au Sud-Ouest de Liège que se trouve cette ferme où la plupart des bâtiments sont en briques rouges. Il y a les vaches laitières, les cochons, les chèvres et tout ce qu’il faut pour faire de bon fromage et transformer la viande. Il y a aussi Marie qui a repris le maraîchage il y a un an, aidée par Camille son conjoint et sa petite fille d’un an. Je passe beaucoup de temps avec eux et c’est très plaisant. Après le travail, je vais me baigner dans la piscine… enfin plutôt dans le bassin de récupération d’eau de pluie. Si l’on aime nager au milieu des escargots qui flottent et des grenouilles, il n’y a pas mieux. A l’intérieur, Yves est aux petits soins avec moi. Il m’offre régulièrement des sablés, des cookies et autres pâtisseries du magasin de la ferme dont il s’occupe. Grâce à lui, j’ai eu la chance de goûter un véritable spéculoos belge. Bien sûr, cela n’a rien à voir avec le petit biscuit tout sec que l’on sert au restaurant avec le café. C’est comme un véritable cookie bien moelleux … qui goûte le pain d’épice !

Biodynamie ?

Mes hôtes de la Baraque m’avaient recommandé cet endroit et comme à mon habitude, j’ai suivi mon intuition et écouté leur conseil. Ici, pas vraiment d’habitat collectif. Seuls Louis, Yves et Caroline, une stagiaire en élevage originaire d’Allemagne et moi logeons sur place mais dans la journée, de nombreuses personnes peuplent le lieu. Louis organise des formations en biodynamie sur plusieurs mois et comme l’une d’elles se terminait lors de mon séjour, j’ai pu participer au barbecue festif qui en célébrait la fin. Malheureusement, Louis n’a pas su transmettre sa foi en la biodynamie, ni à son fils, ni à la nouvelle maraîchère. Il réalise encore certaines préparations au lever du soleil mais la jeune génération voit plutôt cela comme une contrainte supplémentaire que comme un véritable bienfait.

Trouvez l’intrus !

En cohérence avec la Biodynamie, le lieu abrite aussi une école Steiner tenue par Élodie dont la patience et la douceur sont remarquables. Elle est vraiment faite pour ce métier ! Ayant été sollicité pour quelques réparations dans les locaux de l’école, j’ai pu m’en rendre compte pas moi-même avec la dizaine d’enfants présents âgés de 3 à 7 ans. Le terrain autour de l’école et les activités qui s’y trouvent sont autant d’apprentissages concrets pour les enfants. Un après-midi, un couple et une jeune femme qui souhaitaient eux aussi ouvrir une école alternative sont venus visiter l’école et le site pour prendre des conseils auprès d’Élodie et je me suis joint au groupe pour la visite puisque je n’étais arrivé sur les lieux que la veille. Plus tard, la jeune femme m’a invité à manger un burger à la friterie ambulante au bout de la rue. Je sais à présent que la frite parfaite doit faire 13 mm de large pour pouvoir être croustillante à l’extérieur et moelleuse à l’intérieur !

Vinka !

Je loge dans une véritable yourte mongole dont les boiseries intérieures sont richement décorées de motifs traditionnels. Un deck à l’entrée orienté plein Sud en fait un endroit très agréable. Elle est située dans ce qu’on pourrait appeler les jardins de la ferme, un espace aménagé de buissons, d’arbre et de pelouse habilement entretenues par Vinka… le cheval de la ferme. En effet, à certaines heures, il est libre de brouter cet endroit pour l’entretenir ce qui évite bien du travail et des dépenses d’énergie inutiles.

Le groupe a été adorable puisque contre toutes attentes, ils m’ont fêté mon anniversaire ! Eh oui, le hasard a fait que j’ai soufflé mes trente-quatre bougies à la ferme Larock. Caroline m’a même invité à manger une pizza au restaurant du village. C’était donc elle qui avait déposé une tablette de chocolat devant ma porte de la yourte le matin même …

Luxembourg

Après avoir pris le petit déjeuner chez Marie et Camille avec qui j’avais en commun la passion pour le thé de qualité, je repris la route pour rentrer en France… avec tout de même une petite halte au Luxembourg car ayant jugé le trajet trop long jusqu’au prochain lieu, j’ai décidé de prendre le train de Liège à Luxembourg. Après tout, cela me permettait de visiter un pays de plus ! Par facilité, j’ai réservé une nuit à l’auberge de jeunesse de la ville. C’était une sensation très désagréable de se retrouver dans ce bâtiment aseptisé, moderne, conçu pour être tout juste confortable dans des matériaux bon marché faciles à laver avec en plus de ça, des verrous aux portes et des clés pour les ouvrir, du personnel aimable… lui aussi « juste ce qu’il faut » et une propagande invitant à la convivialité et à la bonne humeur, auberge de jeunesse oblige… Bref, tout ce qui m’entourait était à l’opposé de l’authenticité des lieux et des personnes que j’avais rencontré pendant ces déjà un mois et demie de voyage. Heureusement, mon séjour en ce lieu a été éclairé par ma rencontre avec Anne, une étudiante sage-femme qui travaillait pendant ses vacances d’été à Luxembourg et donc, une habituée des lieux. M’étant invité à sa table en début de dîner, nous avons conversé agréablement pendant une bonne partie de cette soirée agrémentée par une promenade dans les environs…

L’Orne ? Qu’est-ce que c’est ?

Les gens connaissent la Normandie autant qu’ils ignorent le département de l’Orne. Lorsque je rencontre une personne et que je lui dis que je viens de Normandie, son visage s’éclaire et elle évoque immédiatement les plages, le Mont-Saint-Michel et autres noms de villes connus, qu’elle s’y soit déjà rendue ou non. Mais lorsque je précise que je viens de l’Orne, son visage s’assombrit et questionne « L’Orne ? Qu’est-ce que c’est ? » comme si le nom même du département ne leur évoquait absolument rien. Je suis alors obligé de dire, non sans une pointe de tristesse, qu’il s’agit du seul département de la Basse Normandie à de pas avoir de littoral et qu’il est très connu pour ses chevaux et son camembert… Ce phénomène s’est d’ailleurs rencontré peu de temps après avoir débuté mon voyage et presque juste après avoir franchi la Seine… En Belgique, de surcroît, les gens ignorent l’Orne mais je ne peux les en blâmer. Personnellement, je serais incapable de citer le nom des provinces de Belgique. Mais devant cette ignorance qui créait en moi un sentiment de mal du pays, je me suis dit : « la première personne qui me dira ‘’Je connais l’Orne !’’, il faudra que je marque le coup en lui faisant un petit cadeau pour fêter ça ! » Je venais d’expliquer cela presque mot-pour-mot à cette chère Anne lors de notre soirée et au moment où je suis remonté dans ma chambre-dortoir, un homme d’une cinquantaine d’année de type méditerranéen que je n’avais jamais vu conversait avec un jeune homme. Au bout de quelques minutes, l’homme se tourne vers moi et me demande :

« Tu viens d’où, toi ?
– De Normandie, de l’Orne.
– Ah mais moi aussi ! Je suis né à Flers ! Je suis un gars du 6-1 ! »

Grande fût ma surprise et ma joie de rencontrer enfin un compatriote de l’Orne ! Nous nous sommes embrassés pour fêter ça ! Le lendemain, pour tenir ma promesse avec moi-même, je lui ai offert un sachet contenant quelques gressins qu’Yves m’avait donné la veille à la ferme Larock et lui offrit de bon cœur !

Tandis que j’empaquetais mes affaires dans ma remorque sous le préau de l’auberge de jeunesse, Anne m’a rejoint et est restée près de moi pendant toute la durée de l’opération. Bien qu’ayant des projets pour la matinée, elle ne voulait pas partir ! En quittant cet endroit maudit où un ange avait trouvé refuge, il était clair que je n’oublierai pas la douceur de cette soirée ainsi que cette charmante Anne…

L’interview

Disponible sur les plateformes d’écoute

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